Nouveaux regards sur les pratiques de collection
- Montréal
- Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM)
Réservée aux membres de CIÉCO - chercheur.euse.s affilié.e.s, professionnel.le.s des musées partenaires, collaborateur.trice.s, postdoctorant.e.s et étudiant.e.s.
Journée d’étude au Musée des beaux-arts de Montréal le 14 juin 2023
Date limite pour l’envoi des propositions de communication : avant le 6 mars 2023
Dans le cadre de l’axe 3 - La collection élargie du Partenariat Des nouveaux usages des collections dans les musées d’art, le Groupe de recherche et de réflexion CIÉCO et le Musée des beaux-arts de Montréal organisent une journée d’étude. Cette journée de conférences, d’échanges et de discussions regroupant des artistes, des chercheur·euse·s, des professionnel·le·s de musées et la relève muséale porte sur les nouvelles pratiques de documentation et de travail en musées qui sont impulsées par l’art contemporain et son collectionnement.
L’éclatement des médiums, des formats et des disciplines de l’art contemporain qui remonte aux années 1960-1970 a mené le musée à revisiter et à élargir ses pratiques de collectionnement, qui sont traditionnellement fondées sur la préservation et la mise en valeur de la matérialité des oeuvres (Boucher, Fraser et Lamoureux, 2023). L’idée d’un temps de vie figé, par le musée, d’oeuvres à conserver dans leur intégrité physique est de nos jours reconsidérée avec l’apport des réalisations médiatiques, installatives et performatives (Laurenson 2006, Couture 2013, Van Saaze 2013, Cometti 2014). Cette journée d’étude sera l’occasion de considérer ce changement paradigmatique dans la collection en portant un intérêt particulier aux oeuvres d’art contemporain, dont le statut et l’interprétation, opérés par les différents agents - l’artiste, les collectionneur.euse.s, le musée et ses employé.e.s, le public et les communautés - (Becker 2010) et les oeuvres mêmes (Gell 2009), ont été amenés à évoluer à travers le temps et les usages, ainsi que par la prise en compte de leur apport documentaire et immatériel (Clavir 2002, Bénichou 2015, Lazarus Lane et Wdowin-McGregor 2016, Turner 2020). En quoi les nouvelles pratiques de documentation et de travail en musées peuvent-elles favoriser la valorisation de ces oeuvres, fruits de manipulations concrètes et de considérations variées, en lien avec lesquelles sont intervenus bon nombre d’individus ?
Parmi tous les documents qui constituent le dossier d’une exposition, la vue d’exposition se voit dotée d’une objectivité longtemps acceptée comme une évidence et rarement mise en perspective critique. Les rappels fournis par les travaux de Rémi Parcollet, notamment sur le fait qu’il s’agit d’un point de vue sur l’exposition, donc d’un auteur, ont ouvert des perspectives d’analyse novatrices, qui font de la vue d’exposition un objet d’enquête particulièrement complexe. La journée d’étude se situe dans le prolongement de ces recherches récentes selon deux axes de départ : (1) en centrant d’abord le cadre de réflexion sur l’exposition de la collection des musées d’art; (2) en abordant la vue d’exposition comme une archive visuelle, au lieu d’utiliser le terme plus général de document que nous réservons à la partie textuelle qui compose le dossier de l’exposition.
Cette journée d’étude tente d’apporter des réponses à cette question en privilégiant une approche par études de cas et s’inscrit dans la foulée de recherches récentes qui interrogent la capacité des collections à être des vecteurs de changement – ex. : Reshaping the Collectible (Tate Modern 2022). À partir des trois axes de réflexion suivants, l’histoire et l’actualité des œuvres à l’étude et des individus qui en façonnent l’existence sera considérée :
Axe 1 - Nouvelles pratiques de documentation et de préservation – focus sur des œuvres récentes
En entrant dans les collections, il s’opère une tension entre la plasticité des œuvres et leurs aspects conceptuels tout autant qu’entre leur préservation fixe selon des critères muséaux établis et l’évolution récente de ces critères. La documentation des usages et des itérations de mise à vue paraît comme une réponse possible à leur préservation.
Sélection de questions que soulève cet axe :
- Comment développer un protocole de préservation et de mise à vue qui admet une usure contrôlée ?
- Comment se négocie la tension entre le caractère de variabilité de l’œuvre et la fixité de la mise en musée ?
- En quoi la documentation est-elle amenée à intégrer de nouvelles approches et technologies (transmission orale, réalité virtuelle, et autres) pour répondre à la réalité des œuvres et à leur potentiel performatif ?
- Quels enjeux les nouvelles approches et technologies posent-elles à l’archivage à court, moyen et long terme ?
- Quels sont les avantages et les défis potentiels des nouvelles modalités de documentation ?
Axe 2 – Les agents face à l’œuvre : évolution des usages, des considérations et des interprétations
Artiste, collectionneur.euse, commissaire, galeriste, conservateur.trice, archiviste, restaurateur.trice, etc. Ces personnes agissent à tous les stades de la muséalisation des œuvres, selon différents enjeux. Certains gestes posés sur l’œuvre ou intentions de l’artiste, après acquisition, peuvent notamment en changer l’aspect formel ou conceptuel. L’entrée au musée est un moment phare de la vie d’une œuvre. Sa muséalisation la place dans un autre espace-temps à travers duquel le soin, l’interprétation et la valorisation qui lui sont accordés sont déterminés par un ensemble de facteurs différents de ceux qui prévalent dans l’atelier de l’artiste ou les collections privées.
Sélection de questions que soulève cet axe :
- En quoi certaines œuvres sont-elles amenées à modifier les pratiques et les dynamiques relationnelles entre les artistes, collectionneur.euse.s, commissaires, galeristes, conservateur.trice.s, restaurateur.trice.s?
- Comment trouver un équilibre entre les intentions artistiques et les impératifs muséaux de conservation, de documentation et de valorisation ?
- Quels sont les nouveaux rôles des conservateur.trice.s, des archivistes et des restaurateur.trice.s face à cette place accordée aux artistes tout autant qu’à l’ouverture des possibilités de conservation, de documentation et de valorisation ?
- Quels nouveaux rôles ces personnes sont-elles amenées à jouer dans l’acquisition, la compréhension et la valorisation des œuvres ?
- Comment ces changements de rôles impactent-ils les moments et les niveaux d’intervention ainsi que la déontologie et les cultures institutionnelles ?
Axe 3 - Réinvestir les collections : les œuvres des années 1960 et 1970
Les œuvres des années 1960 et 1970 ont été acquises en ne tenant pas pleinement compte de leur potentiel performatif. Le réinvestissement de ces œuvres peut impliquer une nouvelle lecture de ce qui les compose : intention, interaction, manipulation, etc. La documentation qui en témoigne fait trop souvent défaut.
Sélection de questions que soulève cet axe :
- En quoi faut-il reconnaître à des objets de collection l’apport performatif d’une vie antérieure à leur acquisition ?
- Quels peuvent être les impacts de cette reconnaissance sur leur statut, sur les pratiques de documentation et le traitement ?
- Comment le musée doit-il et peut-il composer avec des informations lacunaires dans l’acquisition, la documentation et la valorisation ?
- Quel apport peut avoir la production scientifique sur l’artiste, les ayants-droits, l’expertise des pairs et les protocoles institutionnels dans les prises de décision quant aux limites et possibilités pragmatiques et statutaires ?
Les propositions de communication doivent contenir les informations suivantes :
- Titre de la communication;
- Résumé de la communication (250 mots);
- Durée de la communication (10 ou 20 minutes);
- Axe dans lequel la communication s’inscrit;
- Courte notice biographique (100 mots);
- Affiliation CIÉCO (institution et statut – chercheur.euse, professionnel.le de musée, collaborateur.trice, postdoctorant.e ou étudiant.e) et adresse courriel.
Les propositions doivent être envoyées à l’attention de Marie-Chalotte Franco, avant le 6 mars 2023. Une réponse vous sera retournée dans le mois suivant. La journée d’étude aura lieu en présentiel, au Musée des beaux-arts de Montréal, le mercredi 14 juin 2023.
Comité scientifique :
Mélanie Boucher, professeure (UQO) et responsable de l’axe 3 du Partenariat
Marie-Charlotte Franco, Stagiaire postdoctorale (UQO)
Richard Gagnier, chef du service de la restauration (MBAM)
Ève Katinoglou, chef de la gestion des collections et du registrariat (MBAM)
Références bibliographiques :
BÉNICHOU, Anne. Recréer-Scripter : mémoires et transmissions des œuvres performatives et chorégraphiques contemporaines, Dijon, Les Presses du Réel, 2015.
BOUCHER, Mélanie, Marie FRASER, et Johanne LAMOUREUX. Réinventer les collections. L’art et le musée au temps de l’évènementiel, Montréal, Presses de l’Université du Québec, 2023.
CLAVIR, Miriam. Preserving What Is Valued: Museums, Conservation, and First Nations, Vancouver, UBC Press, 2002.
COMETTI, Jean-Pierre. Conserver / restaurer. L’œuvre d’art à l’époque de sa préservation technique, Paris, Gallimard, Collection Essais, 2014.
COUTURE, Francine (Dir.). Variations et pérennité des œuvres contemporaines?, Montréal, Éditions MultiMondes, 2013.
GELL, Alfred. L'art et ses agents: une théorie anthropologique, Dijon, Les Presses du Réel, 2009.
LAURENSON, Pip. « Authenticity, Change and Loss in the Conservation of Time-Based Media Installations », Tate Papers no 6, 2006.
LAZARUS LANE, Robert et Jessye WDOWIN-MCGREGOR. « This is so contemporary? Mediums of Exchange and Conservation », Studies in Conservation, no 61, supplément no 2, 2016, p. 104–108.
TATE MODERN. « Reshaping the Collectible: When Artworks Live in the Museum ». Tate Modern, En ligne, 14-16 septembre 2022. https://www.tate.org.uk/whats-on/online-event/reshaping-the-collectible-learning-through-change
TURNER, Hannah. Cataloguing Culture: Legacies of Colonialism in Museum Documentation, Vancouver, UBC Press, 2020.
VAN SAAZE, Vivian. Installation Art and the Museum: Presentation and Preservation of Changing Artworks, Amsterdam, Amsterdam University Press, 2013.
Partenaires
Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM)
Partenaire
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